La laïcité, une longue histoire en France...
La France a une longue histoire avec la laïcité, elle y est très attachée. Depuis la révolution française,
la relation entre la Religion et l'État a beaucoup évolué. La place et le périmètre de chacun n'ont eu de cesse d'être redéfinis.
Pendant plusieurs années, le régime du Concordat a prédominé (cad qu'il y avait un traité d'entente et de définition de la position de l'État vis à vis de ses relations avec le Vatican et vice versa). Puis la France s'est peu à peu scindée en deux blocs : d'un côté le groupe favorable à la domination de l'Église catholique, et de l'autre les Républicains, qui souhaitait une dissociation totale entre l'Église et l'État.
En 1882, l'instruction devient laïque et obligatoire en France grâce notamment à Émile Combes, qui souhaite
limiter le périmètre des religions. De nombreux établissements scolaires catholiques sont alors fermés et le Vatican décide de rompre ses relations diplomatique avec la France. Le Concordat est caduc. À cette période, la France est alors
profondément divisée et les deux visions catholique et républicaine s'affrontent.
En 1905, un compromis est trouvé : une loi garantie la liberté de conscience et le principe de séparation de l'Église et de l'État.
C'est ensuite en 1958, dans la constitution que l'on trouve un article traitant de la laïcité :
"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale".
Mais alors la laïcité aujourd'hui, c'est quoi exactement ?
La laïcité mobilise un fort imaginaire collectif, d'autant plus qu'elle est portée régulièrement comme un particularisme français à protéger coûte que coûte.
Telle que nous la vivons aujourd’hui, elle repose sur des principes fondateurs, issus de sa construction historique au cours des siècles. On y trouve :
• La Liberté.
Elle est traitée comme une affirmation et non une restriction. Tu as le droit de croire, mais aussi de ne pas croire. Tu as aussi le droit de changer de croyance. Tu as le droit d'exprimer ta liberté chez toi ou dans l'espace public, à partir du moment où elle ne trouble pas l'ordre public.
• La séparation de l'Église et de l'État.
Aucun culte ne peut intervenir dans la gestion de l'État, la loi n'émane que du peuple. En retour, l'État n'intervient pas dans l'organisation interne des différents cultes.
• La neutralité des agents de l'État.
Cela concerne les agents de la Fonction publique (députés, préfets, magistrats, enseignants, agents des hôpitaux, militaires...), mais pas les usagers. Les dits fonctionnaires ne doivent pas faire la démonstration de leur appartenance à un culte. Cependant appartenance ne signifie pas indifférence, et ils n'ont donc pas d'interdiction de rencontre et d'échange avec les représentants des différents cultes.
• L'Égalité.
Quelles que soient leurs croyances, tous les citoyens sont égaux en droit.
La laïcité permet donc à chacun d'exprimer ses convictions, dans le respect de la loi bien sûr.
C'est un cadre qui permet d'exprimer toutes les opinions, mais ce n'est pas une opinion en soi.
C'est aussi la neutralité de l'État mais pas la neutralisation des individus.
L'État reconnait et organise les espaces dans lesquels droits et devoirs sont différents. Il y a souvent une confusion liées aux espaces où le droit s'applique. La religion n'est pas pour autant uniquement une affaire privée.
L'expression des cultes peut aussi se faire dans l'espace public.
Bon, et du coup pour moi en tant qu'anim' ?
Les accueils de loisirs et les séjours de vacances ne sont ni hors du temps, ni hors-sol. Ce sont des espaces de vie et d’éducation des enfants et des jeunes qui vivent sur le territoire français.
Les opinions doivent pouvoir s'exprimer dans ces lieux et personne ne peut, au nom de ses propres convictions, restreindre une des libertés fondamentales qui consiste en l'expression de ses idées.
Nos expressions sont parfois excessives même si les questionnements sont ceux du quotidien et font appel à l'écoute et au dialogue.
Les ACM regorgent d'actions très simples à mettre en place, qui conjuguent bon sens et intérêt éducatif, et ceci pour les enfants accueillis autant que pour les parents et les partenaires.
Il ne faut pas s'interdire le débat, la réflexion et la découverte, même si les sujets ne sont pas toujours simples à aborder.
Des choix à la fois au niveau de la pédagogie et de l'éducation sont à mettre en œuvre :
• le cadre réglementaire s'applique sans ambiguïté, mais sans abus ! Le cadre réglementaire est très permissif, concernant par exemple la tenue vestimentaire, les prescriptions alimentaires... Ces éléments relèvent d'un consentement de l'organisateur, des encadrants et du groupe. Avant d'uniformiser les comportements et la parole sous couvert des contraintes du collectif, il est important de vérifier si d'autres alternatives peuvent être envisagées.
• la possibilité de questionner et de débattre. Tout le monde doit pouvoir exprimer son opinion : organisateur, directeur, enfants, équipe, parents... Les ACM ne doivent pas devenir des lieux exclus du débat public ou non concernés par ces échanges. Il faut justement faire des ces points de différences des opportunités d'échanger.
• la prudence, voire la vigilance. Toutes les intentions ne sont pas bonnes, hélas. La radicalité peut survenir tant du côté des religieux prosélytistes (qui tentent d'imposer à tous leurs idées) que de celui des opposants systématiques à toutes sortes d'expressions religieuses.
Les ACM doivent rester des lieux d'attention aux phénomènes de groupes et aux déviances.
Dans la mesure du possible, ces sujets passionnants devraient faire l'objet d'un traitement spécifique au travers du projet éducatif et pédagogique des organisateurs et des directeurs. Attention, il ne s'agit pas non plus d'en faire un terrain d'apprentissage et de contrôle des connaissances.
Ce sont dans les actes du quotidien que la laïcité se joue.
Une des fonctions de l'animation est la construction de citoyens lucides, curieux et critiques ! Cela se fait donc en permanence, dans la confrontation aux différences de l'autre, dans la construction des règles de vie, dans le partage des histoires personnelles, familiales ou communautaires, dans le jeu et dans la mise en confrontation. Il y a des milliers de possibilités pour continuer de faire vivre à la fois un idéal et un projet républicain et laïque !
En Bonus, la laïcité en 3 minutes !
Une vidéo pour avoir une vision claire de la laïcité, présentée par Coexister, le mouvement interconvictionnel des jeunes.