Pas de stagiaires sans formateurs ! Nous sommes justement allés poser quelques questions à des formateurs de l’Ufcv. Animateurs acharnés ou occasionnels, tous se sont engagés à partager leurs expériences du vaste monde de l’animation. Rencontre avec Françoise, Romain, Marie et Murielle, formateurs Bafa passionnés.
Quelles places prennent l’animation et la formation dans vos vies ?
Françoise : A l’époque où j’ai commencé, les métiers de l’animation n’existaient pas. C’était essentiellement du bénévolat. Je voulais absolument continuer à faire de l’animation, et je suis devenue enseignante, ce qui me permettait de garder mes vacances pour animer des colos. Aujourd’hui, c’est la formation qui m’occupe surtout, vu que j’ai pris ma retraite.
Romain : Je suis professeur de piano en conservatoire. En tant que directeur de séjours, je fais essentiellement les vacances artistiques. En plus de ça, j’ai été amené à encadrer une quinzaine de formations cette année : je trouve intéressant de faire partager son expérience aux autres, et c’est toujours un plaisir de fédérer les groupes autour de la musique.
Marie : Jamais vraiment animatrice, je suis surtout directrice et coordinatrice de séjours, ce qui ne m’empêche pas de donner à 100% dans le milieu de l’animation. Aujourd’hui, j’encadre entre trois et cinq sessions par an, avec une préférence pour les appros sur le handicap et l’étranger : c’est un bon moyen de rester cohérente sur le plan de mon engagement professionnel et personnel.
Murielle : Dès treize ans, j’ai commencé à organiser des sorties pour les enfants de mon quartier en Martinique. Puis, lorsque je suis partie faire mes études en métropole, j’ai continué dès que j’avais l’occasion de rentrer. Aujourd’hui, je suis proviseure adjointe et j’effectue trois ou quatre formations par an, un excellent moyen de transmettre mon expérience.
Qu’est ce qui vous a amené à faire de la formation ?
Françoise : Un de mes collègues directeur avec qui je faisais des séjours de vacances m’a proposé de devenir formatrice pour l’Ufcv. J’ai décliné dans un premier temps, mais finalement j’y suis allée, ça m’a plu et je suis restée.
Romain : Je suis arrivé en 2008 à l’Ufcv, pour ma formation BAFD. Ils cherchaient de nouveaux formateurs. Ça m’a intéressé et du coup je me suis lancé l’année suivante, dès l’obtention de mon brevet de directeur.
Marie : J’ai commencé en faisant des interventions sur le handicap avec certains formateurs de l’Ufcv, et après je me suis dit : pourquoi pas moi ? Je me suis donc rapproché de l’Ufcv et, depuis cinq ans, je suis formatrice et directrice de session.
La formation, c’est plutôt de l’enseignement ou de l’animation ?
Murielle : Aucun des deux. Le but de toute formation est avant tout de transmettre les valeurs et les convictions de l’association, afin d’amener les stagiaires à développer leur propre personnalité d’animateur. On doit leur faire comprendre que l’animation n’est pas juste le « truc cool », et que derrière tout travail d’animateur il y a aussi des partis pris éducatifs.
Marie : On est d’abord là pour transmettre, mais ce n’est pas vraiment de l’enseignement. Plutôt une réflexion pratique, où le stagiaire prend conscience de ses capacités et réfléchit à ce qu’il peut mettre en place pour s’améliorer.
Romain : C’est plus dans la continuité de ce qu’on peut faire avec les enfants : en formation, on leur montre exactement toutes les petites billes à avoir sur le terrain. En BAFA, on joue beaucoup, et puis en BAFD un peu moins… mais attention, un formateur n’est pas non plus un animateur ! C’est ce qu’on apprend en Formation Initiale des Formateurs : on n’est pas là pour les amuser, c’est important. Lors des sessions, on est inclus aux jeux, mais il faut garder une distance et ne pas oublier que l’on encadre une formation.
Justement, selon vous, quelles sont les qualités d’un bon formateur ?
Romain : Avoir un bon relationnel, savoir rester distant avec les stagiaires tout en étant à leur l’écoute.
Françoise : Faire en sorte qu’il y ait une cohérence entre ce que l’on dit et ce que l’on fait.
Marie : Faire preuve d’inventivité, de réflexion, et d’adaptation. S’adapter collectivement est plutôt facile, s’adapter à chaque stagiaire est parfois plus compliqué…
Murielle : Un bon formateur est le garant des valeurs et de l’association. En plus d’être en accord avec celles-ci, il doit laisser la liberté aux stagiaires d’y adhérer ou non, et doit mettre de côté ses convictions personnelles.
Effectuez-vous une préparation importante en amont des sessions ?
Murielle : C’est un passage obligatoire avant toute formation. Cela nous permet de mettre en place l’accueil des stagiaires, de définir le cadre et les méthodes employées. Dans le cas où l’on aurait déjà effectué ce type de formation, c’est aussi le moment pour analyser les points forts et les points faibles déjà rencontrés.
Marie : Oui, même si parfois ce qu’on a préparé n’est pas forcément adapté au groupe, et qu’on doit revoir certains choix. Mais pour pouvoir s’adapter durant la session, on est obligés d’avoir effectué cette préparation en amont avec l’équipe de formation.
Votre manière d’encadrer les sessions a-t-elle évolué grâce aux retours des stagiaires ?
Marie : Que ce soit en début, en milieu ou en fin de session, on n’attend pas pour se renouveler et se questionner sur ce que l’on met en place. Il faut toujours réfléchir en fonction des stagiaires, pour bien répondre à leurs demandes et leurs questionnements.
Françoise : A chaque nouvelle formation, on évolue et on s’adapte continuellement. Je n’ai jamais eu deux stages identiques.
Romain : Le plus important selon moi, c’est de toujours varier les mises en situations, surtout pour les stages BAFA.
Pour finir, comment définiriez-vous les stagiaires Bafa ?
Françoise : Des jeunes de 17 ans, motivés lors de la session générale, parfois un peu moins lors du stage pratique... certains viennent parce qu’ils ont fait des centres, d’autres parce qu’ils sont en échec scolaire, d’autre pour faire des colos en job d’été…
Romain : Il y a aussi des gens plus âgés, qui ont été réorientés. Des étudiants qui ont fini leurs études et qui ne trouvent pas de boulot par exemple. On a des Master qui viennent passer le BAFA parce qu’il leur faut un travail, mais c’est sûr qu’ils sont déjà en bons termes avec l’animation avant d’arriver chez nous.
Marie : Je pense que les stagiaires BAFA arrivent tous en pensant qu’ils vont assister à un cours d'« animation mode d’emploi », alors qu’en réalité il n’y a pas de chose préconçue. La formation est avant tout une réflexion accompagnée.
Murielle : Il n’y a pas de groupe homogène. Leurs motivations sont très variées et en tant que formateur, nous nous devons de les respecter. On a tendance à oublier qu’ils n’ont encore aucune expérience dans l’animation, qu’ils n’ont pas encore conscience de l’animation sur le long terme. On doit donc impulser ça chez eux, tout en les aidants à garder les motivations qui leur sont propres.
Merci à ces 4 formateurs d'avoir répondu à nos questions pour te faire découvrir leur métier !
Devenir formateur témoigne d'une ouverture, d'un engagement et d'une volonté de transmettre et de partager.
Que ce soit par choix ou simplement en saisissant une opportunité, le métier de formateur se révèle être une vrai expérience enrichissante, qui permet de mieux se connaître et d'avoir une réflexion sur soi et sur les autres.